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LA POLYCULTURE : UNE TRADITION VITICOLE RESSUSCITÉE

 

 

Face à un marché viticole de plus en plus rude et une économie en berne, plusieurs vignobles tendent à se diversifier en Gironde. De nombreux viticulteurs cherchent des solutions durables, telles que la polyculture, pour répondre à ces défis tout en préservant l’environnement et en répondant aux attentes changeantes du marché.

 

 

 

UNE SOLUTION PROMETTEUSE EN FAVEUR DE L’ENVIRONNEMENT 

La polyculture a des racines profondes dans l’histoire de la viticulture. Autrefois, de nombreux agriculteurs cultivaient différentes cultures aux côtés de leurs vignes pour diversifier leurs revenus et protéger les sols. Et si cette pratique venait à se démocratiser dans le vignoble bordelais ? Face aux conditions climatiques extrêmes, aux préférences changeantes des consommateurs ou encore aux réglementations environnementales strictes, les vignobles réétudient la question.

En effet, le passage à la polyculture présente de nombreux avantages :

  • Favorisation de la biodiversité et de l’équilibre naturel du vignoble par l’augmentation de la présence d’insectes, oiseaux et autres organismes.
  • Amélioration de la qualité du sol : plus sain et durable.
  • Réduction de l’empreinte carbone par la diminution de l’utilisation de produits chimiques et pesticides.
  • Source de revenu complémentaire contribuant à maintenant son activité.

Une démarche qu’encourage la Région Nouvelle-Aquitaine par la mise en place d’aides à la reconversion des exploitations viticoles. Pour cela, elle propose une aide jusqu’à 50% des dépenses engagées dans une démarche de réorientation. Les vignerons peuvent également prétendre aux aides de France AgriMer pour financer une partie des coûts d’arrachage, de plantation ou de palissage en vue d’une restructuration du vignoble.

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DES VIGNOBLES EN ACTION 

Arbres fruitiers, légumes, céréales ou encore ruche à abeilles pour la production de miel, nombreuses sont les cultures que les vignobles Girondins peuvent envisager pour passer à la polyculture.

Consommation de bière à la hausse : les brasseurs ont besoin de houblon

« En 2024, nous planterons un demi hectare de houblon dans une parcelle du GFA Haut Saint-Georges à Vignonet” indique Tom FAURE, responsable de la Recherche et Développement chez Banton Lauret. Une initiative motivée par la forte demande de brasseries artisanales qui sont obligées de se fournir à 80% à l’étranger notamment aux USA, Nouvelle Zélande ou Royaume-Uni. Aujourd’hui, la France ne répond pas assez à leurs besoin en termes de qualité aromatique et d’approvisionnement BIo. Le Lot-et-Garonne a été le premier secteur à relocaliser le houblon en France. “Cette diversification nous paraît évidente pour instaurer une collaboration avec les brasseurs locaux. Cette culture demande un palissage important mais assure une production et une rentabilité dès la première année” ajoute Tom. En effet, selon le baromètre SOWINE Dynata, pour 56% des français, la bière est leur alcool préféré au coude-à-coude avec le vin à 55%.

Le maraîchage pour soutenir les restaurateurs locaux 

Au Château La Rose Beauséjour, propriété de 3,5 hectares à Vignonet, c’est la question du maraîchage exploitée dans le vignoble bordelais jusque dans les années 1950 qui revient au goût du jour : “Nous souhaitons fournir des légumes à nos partenaires restaurateurs. Nous étudions actuellement leurs besoins pour une production l’an prochain.” exprime Jérémy VEYSSY, responsable commercial du Château La Rose Beauséjour.

Réadapter la surface de son vignoble par la culture de blé, de tournesol et de sarrasin en faveur de l’économie locale 

La polyculture, c’est aussi l’une des démarches vertueuses et biologique du Château Moulin Caresse, propriété de 60 hectares appartenant à la famille Deffarge en AOC Montravel. “Depuis environ 6 ans, nous nous sommes adaptés à la conjoncture viticole en réduisant volontairement la surface de notre vignoble. Notre but, en parallèle de notre passage intégral en BIO, était de nous diversifier mais aussi de rééquilibrer notre vignoble : passer d’une répartition de 60% de rouges et 40% de blancs à un équilibre 50%/50% compte tenu de la demande de plus en plus croissante de vins blancs et rosés.” nous explique Quentin Deffarge, associé gérant du Château Moulin Caresse.

Aujourd’hui, leurs semis permettent d’avancer l’esprit plus tranquille mais également de contribuer à la biodiversité du vignoble et au bien-être de leurs vignes par l’augmentation du nombre d’insectes en période de floraison. La culture de fèveroles leur permet aujourd’hui d’assurer une pleine autonomie en couverts végétaux. Blé rouge de Bordeaux, tournesol et sarrasin sont revendus pour soutenir l’économie locale. Un semis de pois chiche est également en phase d’expérimentation sur leurs terres.

Alors que l’importance de la préservation environnementale est un sujet central, la polyculture dans le milieu viticole est un exemple prometteur de la manière dont l’agriculture peut évoluer pour le bien de la planète et de nos palais. En ne mettant pas leurs “œufs dans le même panier”, les viticulteurs peuvent créer des vignobles plus résilients, durables et équilibrés sur le plan environnemental tout en préservant la qualité des raisins et en s’assurant un avenir stable.